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Au lendemain de la guerre, la vie reprend son cours et les sociétés sportives se réorganisent. C’est ainsi qu’un groupe de randonneurs quitte le Guidon Bayonnais pour fonder la section cyclotouriste de l’Aviron Bayonnais qui s’affilie immédiatement à la FFCT (Fédération Française de Cyclotourisme) qui elle-même vient de remplacer la FFSC (Fédération Française des Sociétés de Cyclotourisme).  La nouvelle structure présidée par Arnold Calame est inscrite sous le numéro 321, ce qui, soixante-cinq ans plus tard, en fait un des plus vieux clubs survivants (le dernier club inscrit dans le département en 2011 porte le numéro 7745 !).

La pratique d’alors est franchement tournée vers la randonnée au long cours. En 1950, le président Bob Lassalle est flanqué de deux vice-présidents et de deux secrétaires, les uns s’occupant des cyclotouristes, les autres des cyclosportifs, distinction déjà présente, mais les deux conceptions étant encore réunies dans un même club et une même fédération. La même année, le Conseil d’Administration de l’Aviron Bayonnais adressera ses félicitations à Bassenave, Benoit, Canteranne, Goyheneche, Grimal et Mestrot « pour leurs magnifiques performances dans les brevets de 600 et 1 000 kilomètres, les diagonales et le Tour de France cyclotouriste ».

Une parenthèse pour comprendre ce qu’est à l’époque un brevet de cyclotouriste, il suffit de consulter le règlement imposé par le Touring-Club de France avant-guerre : « Ce brevet a été créé par le T.C.F. dans le but d’encourager la pratique du tourisme à bicyclette, d’en faire apprécier tout le charme en suivant les chemins pittoresques et dans le but de favoriser le groupement des cyclotouristes dans les villes et les villages de France. Le Brevet est accordé à tout cycliste, homme ou dame, effectuant à bicyclette, à tricycle ou à tandem dans un délai imposé, un parcours dont l’itinéraire lui est inconnu avant le départ ; et qu’il a l’obligation d’établir lui-même par la lecture de la carte au fur et à mesure des indications à lui données, au point de départ initial et aux différents contrôles ». On voit là combien les pratiques ont toujours été diverses et combien elles ont évolué. Car à la même époque existaient déjà les brevets audax en groupe et à allure imposée et les brevets à allure libre devenus depuis les Brevets de Randonneurs Mondiaux.

  

De grands randonneurs animent donc cette nouvelle section qui se veut également active au niveau de l’organisation. Dès sa création, elle prend en main Bayonne-Luchon qui va être organisé tous les deux ans, en alternance avec la RCP (Randonnée des Cols Pyrénéens) du CCB de Pau.  De surcroît, tous les ans à Pentecôte, elle assurera la Randonnée du Pays Basque, une épreuve exigeante de 180 kilomètres. Cela durera une vingtaine d’années jusqu’à ce que, devant la multiplication des randonnées, il soit décidé qu’un club ne peut organiser que tous les deux ans. Bayonne-Luchon sera préservé. La Randonnée du Pays Basque disparaîtra mais sera d’une certaine façon prolongée à Pentecôte par le Circuit des Cols Basques du BO.

    

La section affirme également un caractère international. Dans les années 60 apparaîtra une randonnée Bayonne-Bilbao ou l’inverse pour une « Jornada de la Amistad », beau circuit de 175 kilomètres le long de la côte. Cette vocation transfrontalière se traduit aujourd’hui par le rapprochement entamé avec le club Bera Bera de Saint Sébastien.

      

Sur le plan national, l’Aviron Bayonnais a toujours été très actif. C’est ainsi qu’en 1967, le club, vu son extension et son activité, se verra décerner le Challenge de la Propagande. Il faut dire que cette année-là, 84 431 kilomètres (soit deux fois le tour de la Terre) avaient été validés par des brevets ou épreuves officielles. Quant au président d’alors, André Brillaxis, il recevait la médaille de bronze de la FFCT. Dès la création des BCMF (Brevets Cyclo-Montagnards Français), Bayonne-Luchon obtint ce label national qu’il perdit dans les années 90 à la suite d’une brouille passagère. Par contre, en 2008, Luchon-Bayonne hérita du nouveau label de BCCF (Brevet Cyclotouriste des Cimes Françaises), sorte de super-BCMF, en alternance tous les deux ans avec le BRA dans les Alpes. Et l’implication nationale se poursuit puisque deux manifestations à label fédéral seront organisées en 2012: la randonnée Luchon-Bayonne en fin juin et la concentration de l’ « Appel des Pyrénées » en octobre au col d’Ispéguy. La présence quasi ininterrompue de membres du club au Comité Départemental est également une preuve de cette implication.

        

Au niveau de l’Aviron Bayonnais, le cyclotourisme est une des plus anciennes sections. Par sa présence sur les routes de France, elle joue un rôle reconnu d’ambassadeur du club. C’est ainsi qu’en 2004, Guy Lannes a reçu la médaille d’or de l’Aviron Bayonnais, seul représentant d’un sport de loisir au palmarès de cette « légion d’honneur » locale. Il faut dire que celui-ci, collectionneur de randonnées permanentes, passe les trois quarts de l’année à montrer le maillot bleu et blanc sur tous les chemins de l’hexagone.

          

La pratique au sein de la section a évolué certes avec l’évolution de la société et des mentalités mais des constantes subsistent. Les pionniers grands randonneurs des origines ont fait des émules et la randonnée sportive a toujours été présente : nombre de Paris-Brest-Paris, de Cerbère-Hendaye, de raids alpins, de Paris-Roubaix et autres grandes épreuves mythiques se sont additionnés pour étoffer un palmarès du club inchiffrable. Et cela depuis les dix présents à la RCP de 1946 jusqu’au Paris-Pékin de 2008 réalisé par le couple Nicole et Jean-Pierre Rompteaux.  

            

Parmi les expériences originales apparues et disparues au fil du temps, on peut noter le goût dans les années 70 pour la pratique « audax » où au vélo se rajoutaient la marche (brevets de 25, 50 et 100 kilomètres), la natation et la rame. Ou encore, dans les années 80 et 90, ces challenges entretenant au sein du club une forte émulation. Le règlement intérieur de 1981, signé du président Noblet, en fixe les règles. Un challenge « kilomètres » est attribué au cyclo ayant parcouru dans l’année le plus grand nombre de kilomètres. Le challenge « aux points » consiste à attribuer au kilométrage réalisé au cours d’une randonnée ou d’un brevet, un coefficient qui varie selon la difficulté du parcours. Suit une longue liste d’épreuves  affectées de leur coefficient de 1 à 4. Enfin le challenge « Vittonatto », donateur et lui-même dirigeant de la section, récompense le cyclo ayant participé le plus assidument aux sorties du dimanche matin. Aujourd’hui, ces challenges ont disparu, le cyclotourisme étant considéré comme une activité purement de loisir où toute contrainte doit être bannie. D’autres formes de pratiques restent cependant à inventer afin de renouveler l’intérêt et l’esprit de groupe qui a toujours animé la section.

              

Cet esprit d’équipe se traduit par le partage  de peines et de joies. Les peines d’abord, car avec les ans, certains s’en vont, parfois en plein exercice de leur passion comme ce fut le cas en 1959 pour Henry Duffaure à Ondres ou en 2004 pour Louis Ponzi dans le col de Saint Ignace, tous deux renversés par une automobile. Mais ce sont les joies communes qu’il faut mettre en avant avec des séjours sportifs certes mais surtout conviviaux loin du Pays Basque, les méchouis ou simples repas, les soirées rythmant l’année, de la galette des rois à l’assemblée générale finale. Les sujets de rire ne manquent pas, l'un des derniers en date étant la participation de « Los Cyclos » à la course de pirogues hawaïennes lors des fêtes de Bayonne 2011.

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Une telle section se doit de prolonger ses aventures, en se renouvelant, en se diversifiant mais surtout en prolongeant la tradition instaurée au cours des décennies. Aujourd’hui, les effectifs, comme partout, sont légèrement en baisse. Un passage de relai entre les générations doit se faire et se fera. La suite de l’histoire est à écrire…